CRISE VITICOLE : LA PROVENCE RESILIENTE
Un secteur en difficulté, des réponses de crise nécessaires
La filière viticole française fait face à une période de turbulences, marquée par une déconsommation notable de vin rouge, des événements climatiques extrêmes depuis 2021, et des problèmes de trésorerie qui frappent de nombreux exploitants. Pour faire face à cette surproduction, le gouvernement français, avec l’accord de l’Union européenne, a instauré un fonds de 120 millions d’euros destiné à l’arrachage définitif de vignes sans débouchés commerciaux. Cette prime, octroyée aux viticulteurs qui souhaitent se retirer du secteur, vise à redimensionner le vignoble national tout en offrant un soutien dans un moment critique.
La Provence, un modèle de résilience
Malgré ces difficultés, la Provence affiche une remarquable résilience face à la crise. En grande partie spécialisée dans la production de rosé, la région bénéficie d’une demande qui reste relativement stable, même si les marges ont baissé. Contrairement à d’autres régions qui subissent des chutes de prix drastiques, les producteurs provençaux parviennent à maintenir des prix de vente en vrac autour de 2,80 euros le litre. Cette capacité à faire face à la conjoncture permet aux viticulteurs provençaux de se concentrer sur des stratégies d’adaptation à long terme, sans forcément recourir à la prime d’arrachage.
Une crise plus aiguë dans d’autres régions
D’autres bassins viticoles, notamment ceux produisant principalement du vin rouge, rencontrent des difficultés plus structurelles. En Gironde, par exemple, la situation est particulièrement tendue : le prix du vrac a chuté jusqu’à 70 centimes le litre. Pour ces exploitants, la prime d’arrachage représente un recours presque inévitable face à des perspectives économiques limitées. Bien que la Provence ne soit pas épargnée par les défis actuels, la région bénéficie d’un modèle plus diversifié et d’une spécialisation dans le rosé qui tempèrent l’impact de la déconsommation de vin rouge.
Un dispositif unique et temporaire pour un soutien ciblé
La prime d’arrachage, avec une aide de 4 000 euros par hectare, est accessible aux viticulteurs jusqu’au 13 novembre 2024. Les conditions sont strictes : les bénéficiaires devront renoncer à de nouvelles autorisations de plantation pour six ans, avec un arrachage des vignes à réaliser d’ici juin 2025.
Un drame humain mais un avenir possible
Pour Éric Pastorino, président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), l’arrachage de vignes est une issue difficile mais parfois nécessaire pour les exploitants en détresse. Néanmoins, il met en avant que la Provence est davantage touchée par des défis conjoncturels, en lien avec une baisse temporaire des ventes de rosé, plutôt que par une crise structurelle profonde. Malgré une diminution de 8 % des ventes en France cette année, la Provence conserve un potentiel de résilience grâce à sa réputation internationale et son ancrage dans le marché du rosé.
Un avenir en réflexion pour la viticulture française
Si la prime à l’arrachage apporte un soutien immédiat pour certaines régions, la Provence montre qu’il est possible de traverser cette période avec une stratégie d’adaptation et de repositionnement, sans nécessairement recourir à des mesures drastiques. Cette résilience prouve que le vignoble français, bien que confronté à des défis de taille, possède aussi des ressources pour construire un avenir durable, où chaque région pourra valoriser son identité viticole.