Oui, il fut longtemps attaché à la cause de Bernard Tapie, dont il demeura un proche jusqu’au bout. Oui, il racheta en 1988 la villa tropézienne de Thierry Le Luron, devenue sa résidence principale. Oui, il a goûté sans modération l’époque bénie de la bande à Barclay, « le temps de l’insouciance et de la joie de vivre ».
Voilà pour le portrait en accéléré, sur lequel il ne compte pas s’étendre. Car ce jour-là Me Bernard Lagarde est attablé à la terrasse de la Bouillabaisse pour aborder un nouveau pan de sa vie, tout aussi passionnant.
Lui, l’avocat fiscaliste parisien voit son « tempérament de bâtisseur » reprendre le dessus. Le voici qui signe un pacte avec la vigne varoise!
Un « heureux piège »
« Il y a quelques années, j’ai commencé à considérer ma retraite. J’aurais pu passer mes journées à regarder France 3 et faire la sieste, mais apprendre un nouveau métier sans quitter la presqu’île me séduisait davantage! M’orienter vers les domaines, dont je suis le premier amateur était logique. J’en ai visité une vingtaine sans que l’étincelle ne surgisse. Et puis en 2021 j’ai été contacté par Blue Side, dont c’est la spécialité et qui avait un domaine en exclusivité… Le Jas des Roberts », laisse planer l’avocat.
« Nous nous sommes retrouvés sur place, autour d’une vieille table de la bastide à échanger sur nos goûts en blancs de Provence et à déguster une grande cuvée », se souviennent tout sourire Arnaud Courret et Tom Verger.
« Le piège s’est refermé sur moi. J’étais ‘con-sentant’. Et l’été 2021 j’étais chez moi! », raconte Me Lagarde, qui a depuis noué des liens d’amitié avec les deux comparses qu’il voit chaque semaine.
Finie la brocante, place aux vignes
Si ces terres étaient jadis le lieu de pèlerinage dominical sacré des amateurs de brocante, il ne s’agit plus de les ouvrir au public, même s’il y aura bien un caveau de vente pour raccrocher la Route des vins.
Leur nom désormais? Domaine CBL, acronyme pour « Constance-Bernard-Laurent », les fils et fille du propriétaire, qui comme souvent avec ce type de bien, se positionne dans la transmission.
« Je ne suis pas là pour faire du profit. J’espère juste que cela tourne à l’équilibre d’ici quelques années », se satisfait le maître des lieux, qui, s’il investit considérablement, a mis un fond à son tonneau des Danaïdes.
Conscient également de la rareté de sa démarche, l’as des plaidoiries se garde bien de plastronner. Créer un nouveau domaine dans l‘appellation, en indépendant, est pourtant un événement qui mérite de « faire (r) appel ».
Mettre le vin blanc au premier plan
L’affaire était… claire. En créant son domaine, Me Lagarde voulait miser sur le blanc. « Nous irons sur les trois couleurs en AOC Côtes de Provence, mais le projet est de se distinguer avec un blanc de qualité pour l’apéritif et un autre pour le poisson par exemple. Un blanc qui explose de fraîcheur! », tonne le ténor du barreau sur ses terres d’argilo-calcaire en semi-coteau, bien drainées et exposées plein sud, qui réunissent toutes les options pour réussir son pari.
Cuvées « BL »
« Nous observons un vrai essor du blanc en Provence depuis deux ans. Les cuvées issues du cépage vermentino se vendent très bien et constituent une vraie alternative au rosé qui a fait ses preuves », approuvent Arnaud et Tom de Blue Side, société basée à Gassin, spécialisée dans les transactions de vignobles.
Pour y parvenir, les travaux se poursuivent sur les 17 hectares du Jas des Roberts, dont « six de vignes en production fatiguée ». Trois bâtisses, jadis dépendances du château de Grimaud, sont attachées au domaine. L’idée étant de redonner son lustre historique à ce patrimoine et restructurer le vignoble sur 12 hectares.
Les cuvées devraient être frappées des initiales « BL » pour un premier millésime dès 2023 ou 2024.